Mon accouchement

Bon, il est temps que je rédige le récit de cet évènement si particulier, avant que je n'oublie pour toujours les morceaux négatifs ou secondaires... car c'est tellement riche comme expérience, que l'on ne peut se souvenir de tout, le cerveau fait forcément un tri, et ce tri il le fait rapidement !


Alors tout commence le mardi 13 avril.

J'ai passé l'après-midi avec une copine, enceinte elle aussi, et lui disais, entre autre, que j'étais un peu plus zen suite à ma visite chez le gynéco la veille, et que puisque c'était LA semaine où il était prévu que j'accouche , j'avais envie de faire confiance à mon loulou pour qu'il arrive tout seul comme un grand.

En fin de journée, j'ai eu un tas de copines au téléphone, auxquelles j'ai raconté la même chose.

A force de bavardages, il était largement l'heure de dîner, bien sûr je n'avais pas d'idée de plat et pas l'envie d'en faire ! Je suggère donc à mon mari qu'on aille se faire "un dernier mcdo avant bébé" !
On est allé au fast food où le hasard a fait que nous y avons retrouvé mon neveu !


En rentrant à la maison, alors que je n'avais aucun symptôme physique, je dis à mon mari "ça ne m'étonnerait pas que ce soit pour cette nuit"... Je n'étais pas certaine que ça arriverait (ben non puisque aucun symptôme !) mais j'avais un drôle de sentiment, que je ne peux toujours pas expliquer aujourd'hui... enfin c'était comme si d'avoir eu pas mal de monde au tel pour la dernière fois avant d'accoucher m'avait donné le feu vert !

Je vais prendre un bon bain, je me lave les cheveux (car c'était le jour du shampooing, ça tombait bien !), je prends mon temps.
Je rejoins mon homme dans le lit vers 22h.


Et vers 22h30 - 23h je ressens les premiers maux de ventre...comme d'habitude ! Mais là encore, je me dis en moi-même "je suis sûre que ça va continuer !".
Et ça a continué !
Alors me voilà à regarder le radio réveil régulièrement pour calculer l'écart entre 2 contractions. partagée entre excitation et peur... Car oui c'est sûr ce coup-ci, je ressens des contractions, ouille ouille ouille que c'est douloureux, déjà, comment je vais faire pour supporter des heures et des heures de travail ??
Elles sont espacées d'une dizaine de minutes mais ne sont pas régulières : 8 min, 13 min, 9 min... Je sais qu'on en a pour un moment ! Mais je sais aussi qu'on va partir à la mat dans quelques heures, ENFIN, le signal que j'attendais depuis des semaines, que je me languissais de voir arriver était donné !
J'ai pris le parti de laisser dormir Seb le plus longtemps possible, anticipant sur le manque de sommeil des jours qui suivraient.
Alors j'ai surfé sur Internet, je me suis lissé les cheveux (et oui pour être la moins moche possible sur les premières photos avec bébé !!) mais à 4h15 j'en avais trop marre, je me suis penchée sur mon mari qui dormait et lui ai chuchoté "chéri, faut que tu te réveilles, j'en ai marre de souffrir toute seule", ce à quoi il a répondu "mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?"
"ben...j'accouche !!"
"Non ?? C'est vrai ??????" et là il était déjà debout, son linge à la main, prêt à aller se doucher !

"Euh chéri mes contractions st très espacées et irrégulières, on ne part pas à la mat tt de suite !!"

Je notais sur un papier chaque fois que j'avais des contractions mais c'était désespérant : 6 heures après les premières, les contractions étaient toujours espacées de 10 minutes environ et irrégulières... Or, je savais qu'il était inutile d'aller à la mat tant qu'elles n'étaient pas rapprochées de 5 minutes.
Mon mari, lui, souhaitait qu'on y aille. A tel point qu'il m'a convaincue de téléphoner, mais la sage-femme à qui j'ai expliqué la situation me l'a confirmé : si j'étais ouverte à 1 deux jours avant et que les contractions étaient espacées de 10 minutes, mon col devait toujours être à 1 !...Donc j'étais mieux chez moi à patienter qu'à la clinique !

On a donc regardé un film "divorces", histoire de passer le temps. Ensuite on a checké toutes les valises et on a fait des dernières photos avec mon gros bidon.



Ça sentait le départ !

Mercredi 14/04, 09h00
:
totalement désemparé face à ma douleur, mon mari me supplie d'aller à la mat au moins pour savoir où ça en était, quitte à revenir à la maison s'ils nous renvoyaient. Moi je savais que c'était encore trop tôt... alors je lui propose qu'on fasse le tour du lotissement à pied, vu que c'était une belle journée qui commençait. Mais là, à 3 mètres de notre porte d'entrée je ne pouvais pas rester debout, pliée en deux de douleur, donc "ok chéri on y va".


09h30, clinique générale :
J'ai droit au premier monitoring de ma vie ! Et à l'examen fort sympathique du toucher du col aussi !! Et là trop bonne surprise : col ouvert à 3 !!
Confirmation : je vais accoucher aujourd'hui !
Ce n'était pas un faux travail comme je le craignais... Par contre, au vu des contractions irrégulières et pas très fortes (c'est la machine qui le dit, pas moi !), la sage femme me prévient que ça risque d'être un peu long et elle pensait alors que j'aurais mon bébé dans les bras fin d'après midi maximum ! Ça fait un choc de se dire que dans quelques heures notre bébé fils sera là, pour de vrai, après ces longs mois d'impatience et de questionnement !
POur l'heure, elle nous suggère de faire le tour de la clinique à pied, de monter des escaliers, histoire de faire avancer le travail, et de revenir une heure plus tard.


11h00: nouveau monito et nouvel examen : rien n'a bougé ! Alors pour vraiment faire avancer les choses la SF pratique un décollement de la membrane. Au moment où elle commençait elle m'a dit de serrer les dents.......Ouais ben elle avait raison, c'était assez douloureux. Et elle me console en me disant "bon là ça devrait faire bouger les choses, normalement les contractions vont s'intensifier, on se revoit dans une heure ".
Effectivement juste après qu'elle m'ait fait cet horrible acte de torture, j'étais au bord de l'agonie à cause des nouvelles contractions...



On nous a alors conduit dans ma chambre, la 410, la plus pourrie de la clinique !! Au moins ça nous a fait rire car cette chambre je la connaissais déjà et on s'était souvent dit avec SEb "avec la chance que t'as, t'auras cette chambre", et bien BINGO !!

13h00 : à nouveau dans la salle d'examen, re monito et re examen. Cette fois la SF est perplexe car mon col ne s'est pas ouvert malgré son intervention 2 heures plus tôt... Elle comprend et m'explique que les choses ne se déroulent pas aussi simplement que prévu. Nouvel objectif : parvenir à intensifier les contractions pour que mon col s'ouvre davantage.
Il n'y a plus de salle de travail disponible, on m'emmène alors directement dans une salle d'accouchement. C'est maintenant que Seb enfile sa blouse de compèt' et tout le reste !



14h00 : on me perce la poche des eaux pour accélérer le travail. Ce n'est pas douloureux du tout mais ce flux abondant de liquide chaud qui coule sans que l'on puisse rien maîtriser est très désagréable ! Et à chaque contraction, un jet de liquide intempestif s'évacue de mon corps. Il paraît qu'il y a un litre de ce liquide, j'ai eu l'impression de perdre une bonbonne complète !!


15h00 : l'anesthésiste arrive pour poser la péridurale. Il s'y prend à 3 reprises car je tremble tellement de trouille que je bouge et du coup il me pique mal. Bon, ça a fait moins mal que je pensais, mais c'était désagréable, on sent vraiment le fil descendre à l'intérieur de la chair dans le dos, c'est particulier comme sensation !!
Mais quel soulagement !!

15h30 : re examen du col.... oups ! ouvert qu'à 4 !! Bon là faut employer les grands moyens ! Pose d'une perfusion d'ocytocine, celle qu'on utilise pour les déclenchements. Le monito montre rapidement que les contractions st beaucoup plus fortes et plus rapprochées, alors je suis contente, je me dis qu'enfin ça fonctionne et que mon col va gentiment s'ouvrir.


17h00 : dernier examen de la sage-femme qui s'occupait de moi depuis le matin avec son collègue qui reprend le service : col ouvert à 5. Après tout ce qui a été entrepris, ce n'est pas normal du tout ! Première conclusion : le problème n'était pas l'irrégularité des contractions mais mon col qui ne réagit pas à leur stimulation.... Alors dernière chance de faire s'ouvrir mon col : pose d'une nouvelle perf (je crois que c'était du spasfon...), qui devait avoir une incidence non plus sur l'utérus, mais sur le col.

18h00 : encore un examen ! Col ouvert à peine à 6...pas fameux ! Le sage-femme me dit que comme bébé allait bien, l'équipe me laissait encore quelques heures avant d'envisager une éventuelle césarienne... J'avoue qu'à ce moment-là, j'en avais tellement marre que je souhaitais presque qu'ils en fassent une, mais tout de suite !!

Sur ce, mon gynéco, qui était de garde ce jour-là et qui était venu pour une césarienne justement, est passé me voir. Examen à sa façon et il confirme ce que le sage femme venait de me dire. Mais dorénavant c'est lui viendrait s'occuper de moi personnellement.

19h00 : le gynéco fait un nouveau toucher : col ouvert à 8 !!!!! Incroyable ! Alors il met en place les étriers afin que je mette en position gynécologique, le but étant de faire descendre le bébé. Là je retrouve tous mes espoirs et mes esprits et lui dis que j'aimerais accoucher en position latérale et non gynécologique. Il m'a un peu secouée en me disant qu'on en était pas encore là, que pour l'instant la priorité était d'aider le bébé à arriver.

Bon à partir de là jusqu'à 20h00 je n'ai plus regardé ma montre... Sébastien m'a juste fait remarquer que si le petit naissait à 20h on serait obligés de l'appeler Harry Roselmack, ce qui n'a pas manqué de me faire rire !

Le médecin venait regarder où en était bébé très régulièrement, toutes les 5-10 minutes. Il m'a dit qu'il était très bas, qu'il m'avait facilité le boulot le petit gars et que je n'aurais qu'à pousser une petite poignée de fois pour qu'il sorte. Autant dire que c'était bon d'entendre de telles paroles après une journée passée à entendre que rien ne fonctionnait !

A un moment il m'a dit que c'était bon, qu'il fallait pousser, qu'il revenait, alors qu'il n'y avait personne dans la salle avec nous !!! A ma mine perplexe il a ajouté que je pouvais pousser sans crainte, que mon bébé ne tomberait par terre avant qu'il ne revienne !...

Euh oui, mais n'empêche que j'y pense et que je veux pas pousser s'il n'y a personne en face pour récupérer le pioupiou !!
Enfin bon, j'ai décidé de faire confiance au docteur et j'ai poussé, seule avec mon mari, en pensant que ça y est, j'étais en train de faire ce qu'on voyait dans les films !!

Bon le gynéco est très vite revenu, avec quelques sage-femmes qui, à mes côtés, m'encourageaient à bien pousser.
Niveau douleur je ne sentais rien car j'avais remis une dose pour la péridurale peu avant.

Et tout à coup.....

Il a envoyé une sage femme chercher la ventouse... En entendant ce mot, j'ai su que j'aurais une épisio car c'est systématique dans ces cas-là. Mais cette déception n'était rien comparé à ce qui allait suivre.
Déjà je n'avais jamais vu de ventouse de ma vie, mais j'imaginais naïvement que ça ne devait pas être très éloigné de celle qu'on connaît, version plus médicale bien sûr !!
Et bien pas du tout. C'est un instrument métallique, avec une pompe d'aspiration (ce qui permet de faire ventouse), qui fait peur (et en fait je ne l'ai pas bien vu, j'ai vite fermé les yeux !) et que le médecin utilise de façon assez...barbare !! Il tirait comme un malade, je me suis demandée comment mon bébé pourrait survivre à une telle violence.
Le gynéco avait l'air très grave, je n'arrivais pas à suivre ce qu'il se passait, j'étais concentrée sur les paroles des sage femmes qui me disaient de pousser ou d'arrêter.

Et enfin quelqu'un a lancé "sa tête est dehors !!". A cette seconde je me suis dit "oh mon dieu, il est là, mon fils, mon enfant, on y est arrivé !", mais une autre phrase a jailli en même temps, celle d'une sage femme : "on ne va pas vous le laisser tout de suite, on va d'abord le nettoyer un peu".

Encore une déception, celle de ne pas avoir droit au peau à peau immédiat tant attendu et tant décrit aux cours de prépa !

20h00 : mon fils est hors de moi, je vois le cordon ombilical sur mon ventre, je vois la tête déconfite du docteur, je vois les sage femmes courir et j'entends mon mari demander s'il peut couper le cordon. Mais je ne vois pas mon fils. Le gynéco a fait couper le cordon en urgence à Seb, (encore un moment gâché !). je distingue, plus loin dans la pièce, un tas de personnes de dos, s'affairant près d'un nouveau-né. Je reconnais l'anesthésiste, je comprends qu'il y a la pédiatre aussi... et puis du personnel médical.
Une scène digne des épisodes d'Urgences. J'entends quelqu'un dire à mon fils "allez petit gars, ne nous lâche pas, on compte sur toi", puis une autre personne "docteur, docteur, regardez, il redevient rose !". j'entends qu'ils manipulent pas mal d'appareils et soudain j'entends le cri de mon bébé. Mais pas le premier cri comme on l'imagine. Un cri de douleur, c'était sûr, mon bébé souffrait car il avait dans la gorge des appareils gros comme lui !

Pendant tout ce temps je criais "mais qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qu'il a ?"
Une sage-femme, restée près de moi, me caressait les cheveux et essayait de me rassurer : "c'est rien, votre bébé a bu pas mal de liquide amniotique et il était teinté en plus, donc on lui nettoie ses petits poumons, ce n'est pas grave. Et c'est un beau bébé de 3.8 kgs et 50 cms !".
Sauf que je n'avais pas cette impression de "pas grave" du tout.

Et puis quelques minutes après à peine, la même Sf me glisse à l'oreille qu'on ne pourra pas me le laisser, qu'il va partir en couveuse et que la pédiatre va l'examiner.

Je ne découvrirais la tête de mon fils que plus tard, avec cette photo sur l'iphone de mon mari...


et en vrai que le lendemain midi !

Pendant tout ce temps, le gynéco était affairé à faire mes points pour l'épisiotomie... Évidemment complication !! Il a mis 50 minutes pour faire 3 points car j'ai fait une hémorragie ! Il a donc mis une mèche pour colmater le débit de sang (et qui m'a fait très mal lorsqu'elle a été retirée le lendemain !). Une des sage-femmes qui l'assistaient a fait un malaise !

Bref, un accouchement épique !

J'ai appris plus tard que le bébé avait eu du mal à sortir parce qu'il n'était pas en face de la sortie d'une part, et parce qu'il avait plusieurs fois le cordon enroulé autour du cou d'autre part, ce qui le retenait à l'intérieur, forcément !
Lors de la visite de sortie la pédiatre a eu les larmes aux yeux en reconnaissant mon fils et ma dit qu'elle était vraiment contente de le voir en bonne santé car il revenait de loin, que ce n'était pas gagné, qu'il lui avait fait bien peur le jour de l'accouchement.... (euh mouais, est-ce que quelqu'un pourrait me dire ce qu'il avait exactement bon sang ??).

Le lendemain de l'accouchement, Adam a passé une échographie du crâne et une radio des poumons... tout allait bien :)
Les sage-femmes ont alors décidé que je pouvais le garder avec moi, et on a pu lui mettre ses vêtements, préparés pour la salle d'accouchement.

De mon accouchement je ne retiens que le traumatisme de ces derniers instants. Cette angoisse, cette impression de vivre une scène de film où réellement on se demande si ça finira bien. Et puis la déception de ne pas avoir eu mon bébé tout de suite. Bien sûr que c'était pour son bien et que c'était mieux puisqu'il fallait le faire, mais ne pas avoir été la première personne à le toucher, à le caresser, à le nourrir... ça fait mal. Et puis le traumatisme de mon mari. Qui a absolument assisté à tout en détail, un peu malgré lui. Le choc de la violence de la ventouse, la peur que le petit aille mal, le vertige de voir tout ce sang... (celui de sa femme !).
Pour autant, même si c'est ce qui reste en mémoire, je n'ai pas envie de m'apitoyer sur mon sort et dire que j'ai eu un accouchement difficile. Juste périlleux ! Ce qui compte vraiment c'est que le petit ne garde aucune séquelle de cet épisode. Mes maux à moi ne sont maintenant que psychologiques, et chaque sourire que mon bébé fils me donne me fait aller mieux.



Tous premiers instants de ma vie de maman



enfin le droit de t'habiller !

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